Selon le rapport d’évaluation du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), onze des douze années de la période 1995-2006 comptent parmi les plus chaudes depuis 1850. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) dues à l’activité humaine et émises lors de processus énergétiques favorisent ce réchauffement. Cette modification profonde et rapide du système climatique peut avoir des impacts importants sur les écosystèmes et les activités humaines. Il est donc urgent d’agir.
Sur la région Franche-Comté, ce dérèglement s'est manifesté par une augmentation des températures moyennes de l'ordre de 0,7°C depuis le début du XXème siècle et par une modification du régime des précipitations sur l'année.
Pour limiter les effets du changement climatique il faut réduire de moitié les émissions de GES en 2050 par rapport aux chiffres de 1990. Dans ce cadre le SRCAE définit la manière de décliner cette politique au vu des atouts et faiblesses du territoire franc-comtois.
Une politique volontariste, permettant d’atteindre en 2020 une diminution de 20% de la demande en énergie primaire par rapport au scénario de référence, passerait par :
- Un engagement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre directes de 20% en 2020 et viser l’objectif du « facteur 4 » à 2050 (diminution de 75%) par rapport aux valeurs de 2008.
- Porter à 32% la consommation d’énergie finale fournie par les énergies renouvelables à échéance de 2020 (contre 13% en 2008 selon les données SOeS).
Le changement climatique, quelle que soit son évolution et sa vitesse d'évolution aura des impacts, encore difficile à quantifier, sur la quasi totalité des domaines d'activités. Les principaux sous-enjeux sont par conséquent abordés par activité dans une optique opérationnelle.
Ces impacts sont décrits de façon quasi-exhaustive dans le SRCAE et ne seront donc qu'évoqués dans le profil.
Globalement, l'évolution climatique attendue en région Franche-Comté devrait se caractériser par:
- une augmentation moyenne des températures sur l'ensemble de l'année
- des hivers plus pluvieux alors qu'au contraire les étés s'assèchent
- des évènements extrêmes plus marqués, notamment des évènements de type canicule plus récurrents.
L'ensemble de ces évolutions probables aura des impacts plus ou moins importants sur bon nombre d'activités régionales. Certaines semblent plus sensibles que d'autres. A échelle régionale, 3 secteurs d'activité apparaissent comme particulièrement sensibles et doivent anticiper dès maintenant les modifications potentielles liées aux changements climatiques.
Ces 3 secteurs d'activité sont :
La ressource en eau et l'AEP
Les travaux d'ores et déjà réalisés sur le sujet, notamment ceux menés par l'agence de l'eau RMC, indiquent une raréfaction globale de la ressource en eau. Les conclusions indiquent qu'au-delà du problème des ressources moyennes annuelles, la tension en période d’étiage risque de s’aggraver fortement là où elle existe déjà et bien entendu d'apparaître sur des secteurs non concernés actuellement. De fait, en fonction des territoires et des masses d'eau, des choix sur la réorganisation de la mobilisation des ressources en eau devront être faits en intégrant l'incertitude sur les futurs stocks. Des réflexions devront être menées sur les modes d'utilisation de la ressource, et une hiérarchisation de ces potentielles mobilisations devra également être réalisée pour réorienter les ressources vers les activités les plus nécessaires. Des questions comme l'orientation touristique régionale (ski, cabotage,...) ou des pratiques agricoles pourront être levées à l'avenir. Enfin, des réflexions devront être menées sur de l'ingénierie prospective permettant de mobiliser les volumes d'eau non utilisés actuellement.
Les pratiques agricoles et sylvicoles
Les modifications des températures, des pluviométries et leur évolution au cours d'une année ont des impacts directs à la fois sur les rendements des pratiques agricoles et sylvicoles mais également sur le choix des essences et espèces à prioriser pour leur exploitation. De fait, les modifications climatiques attendues (baisse de la pluviométrie et augmentation moyenne des températures) auront potentiellement des impacts différenciés en fonction du terme. En effet, dans un premier temps l'évolution climatique attendue devrait avoir des retombées positives avec une accélération des croissances végétatives, puis à plus long terme, si les évolutions climatiques continuent dans le même sens, la répartition globale des espèces pourrait évoluer, certaines cultures nécessitant des apports d'eau trop importants pourraient être abandonnées (blé, maïs) la progression d'espèces nuisibles et bio-ravageurs pourrait augmenter voir exploser sur certains territoires, même si cela ne peut être affirmé.
Enfin, l'ensemble des secteurs viticoles devrait également subir les retombées des changements climatiques car les terroirs, cépages et donc les AOC sont particulièrement sensibles aux évolutions climatiques qui ont des impacts directs sur la vigne et la vinification.
Les risques naturels et l'impact sur la santé
Le dernier élément fondamental qui sera concerné par les changements climatiques englobe à la fois la qualité et la sécurité de l'environnement franc-comtois au sens large. Les modifications climatiques auront des répercussions sur l'occurrence des risques naturels et sur leur importance. La variabilité des épisodes pluvieux aura des impacts sur l'aléa inondation mais également sur les aléas liés aux mouvements de terrain.
Dans le même temps, la variabilité climatique pourra générer des vagues de froids intenses ou à l'inverse des périodes de canicules plus ou moins longues. Elle induira une dégradation probable de la qualité globale de l'air avec notamment une augmentation des concentrations d'ozone (fort pouvoir irritant sur les muqueuses). Enfin, certaines espèces allergisantes pourraient voir leur aire de répartition augmenter en région Franche-Comté (ambroisie,...).
Ces évolutions nécessiteront des réflexions toujours plus importantes sur la localisation des biens et des personnes pour limiter leur vulnérabilité au regard de l'évolution des risques et des nuisances.
A la lecture de ces principaux impacts liés aux évolutions climatiques probables, plusieurs axes de travail apparaissent. Ils doivent permettre de trouver une réponse en fonction de grandes typologies d'activité et trouvent leur résonnance avec les orientations du SRCAE :
Orientations
- Favoriser le développement des énergies renouvelables intégrant les enjeux paysagers, d'économie de la ressource espace, de maintien de la biodiversité
- Intégrer de façon plus systématique les effets potentiels des changements climatiques aux études et travaux locaux
- Favoriser la densité et la compacité urbaine tout en préservant un cadre de vie agréable
- Encourager la population à utiliser les transports en commun, la marche et le vélo
- Encourager et accompagner la réhabilitation et la rénovation thermique des bâtiments existants
- Inciter les élus et les aménageurs à développer des formes urbaines économes en énergie (qualité du bâti, isolation, déplacements...)